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Edito Le Grand Jeu

© OVNi
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Edito Le Grand Jeu

Edition #10

 

« Toute Pensée émet un Coup de Dés » écrivait Mallarmé, le jeu de hasard devenant celui du nombre, OVNi en 2024 célèbre la dixième édition d’une aventure. Un numéro d'équilibriste qui propose depuis 2015, entre vertiges et maîtrise, une aire de jeux en écrans larges.
Les propositions développées par OVNI et ses partenaires sont d’entrée de jeu une mise en commun de suggestions et de créations. Elles animent et rythment le festival constituant une partition d’une grande réjouissance et un intermède dans le champ des festivals.

 

Le jeu est un phénomène universel, une expérience construite et fondamentale de la vie sociale et culturelle. L’art de jouer ne se fait pas sans règles, qu’elles soient tacites ou explicites, il implique de se conformer ou de déjouer celles-ci. Le jeu, de l’improvisation à la stratégie, du jeu de mots au jeu de rôle, implique une distanciation salvatrice.
Dans une lignée ludique, Le Grand Jeu est un titre* qui résonne comme un crédo, un dispositif rappelant la dimension « performative » de l’art vidéo. Cette dimension combine des variations sans fin pour une expérience de détournements et d’équivoques esthétiques ou de lancers didactiques.

 

Et surtout, la manière de jouer est aussi importante que les règles données.
Jouer, c’est inventer, c’est se piquer au jeu de l’énergie créatrice qui parfois implique de prendre des risques.
Dans le jeu, il y a forcément de l’altérité, même en solo, on s’invente l’autre. Jouer, c’est re/mettre en jeu ce qui fut, ce qui nous arrive et ce qui adviendra, alors que notre époque fabrique l’idée de manque et de chute.

 

OVNi est un décrochement subtil et généreux de la vie quotidienne. Mais laissons un peu de jeu, les surprises pourraient bien sortir des interstices. Une proposition pour dépasser les limites des règles et retrouver la qualité émancipatrice de l’art.

 

Nathalie Amae

 

Notes
___

 

*_ le titre est une allusion à la revue d’avant-garde Le Grand Jeu, publiée entre 1928 et 1930 à l’initiative des membres du groupe Simpliste, Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et Roger Vailland qui souhaitaient dixit « succéder au surréalisme » dont les représentants avaient eux-mêmes érigé nombre de règles du jeu.