OVNi 2022 – Focus sur les Folies!

T'es pas folle, 2020 © Jeanne Susplugas
A l’occasion de cette 8e édition, le Festival OVNi a pris le parti de ce petit grain, omniprésent vecteur à la fois de curiosité et de doute, la Folie.
Telle que l’a annoncé Nathalie Amae, Directrice artistique du festival, les folies d’OVNi sont au pluriel. Sa programmation est à l’image de l’extravagance de la gaîté collective ou de la furie du monde.
Découvre et redécouvrez l’Edito OVNi Folies!
« Folies » s’entend aussi par maisons de villégiature ou de réception construites à partir du XIV e siècle par l’aristocratie ou la bourgeoisie aisée en périphérie des villes. Il s’agissait d’y inviter des proches ou connaissance en toute intimité, voire en secret, concept renouvelé et développé par des artistes contemporains. Ici, il s’agira en effet d’accueillir les spectatrices et spectateurs dans des lieux hospitaliers de l’intime, notamment des chambres d’hôtel.
Le festival nous donne tout particulièrement rendez-vous avec la folie le 26 novembre de 14h à 18h à l’occasion du Parcours OVNi en ville, qui à la manière d’un regard furtif à travers l’œilleton, nous laisse aller d’une Folie à l’autre. Soulignons ici quelques programmations plus particulièrement ancrées dans la thématique.
A l’ombre de la rue Delille, la Librairie Vigna ouvre ses portes pour faire découvrir une œuvre de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki. Pour ces deux vidéastes, l’étude du médium conduit peu à peu à la découverte d’archives du Docteur Klonaris qui questionne à son tour l’image de l’hermaphrodite et plus encore l’intersexualité. Le corps, vecteur d’incompréhension est alors mis à l’épreuve de l’étude psychique.
L’Atelier ouvert s’approprie également cette faille et encourage à la suivre grâce à une performance filée sous forme de trois rencontres, offrant une approche décalée de l’enterrement de vie de célibataire, du mariage et enfin de la nuit de noces.
Le long du Parcours OVNi à l’hôtel, la folie a particulièrement inspiré nos curatrices invitées.
L’hôtel La Malmaison accueille Annie Aguettaz et Isabelle De Maison Rouge qui ont sélectionné chacune 3 artistes. Annie Aguettaz à travers ses choix montre comment l’artiste peut se laisser glisser dans cet état de dérive et appréhender les folies du monde. Adrian Paci invite le spectateur à plonger à ses côtés dans les méandres d’un rouge vif signifiant l’acidité d’une violence domestique. Les yeux fixés sur l’immobilité de la couleur vive, le voyeur malvoyant crée ses propres images afin de figurer la folie de la scène narrée. Jeanne Susplugas, joue à son tour sur l’incertitude de la vision et offre sous l’apparence d’une légèreté fantasmée l’image de cette femme contemporaine aliénée par son environnement sociétal. Au détour d’une chambre, Ali Kazma s’approprie la place du corps et de ses tourments face aux aléas des milieux. Pour Isabelle de Maison Rouge, la folie s’empare des sensations, reprend ce lien ubiquiste de la frénésie et de la Femme pour mener vers le caractère mystérieux d’une atmosphère à la fois angoissante, malaisante et curieuse. Actions Anonymes SA conduit le spectateur vers l’extravagance de la mondialisation et de la globalisation à travers le prisme de l’homme. Cette étude offre un changement de point de vue en intégrant à cette réflexion le travail de non-initiés à la création artistique. Emporté dans une “matière sonore”, la vision troublée à intervalle régulier, Agnès Guillaume replace la Femme au sein d’un dessein conquérant. Puis, à la manière de la Métamorphose de Kafka, Isabelle Levenez, fixe la Femme au sein des rituels qui l’incarnent et qui mettent en exergue son “apparente fragilité et la résistance réelle” qu’elle mène.
Au WindsoR, Jungle Art Hotel, qui abrite une programmation très internationale, la folie laisse apparaitre un échantillon supplémentaire de ses incarnations. Le Centre culturel et d’information de l’ambassade d’Ukraine par exemple, incarne avec le “Saint Sebastian” du vidéaste Mykhaylo Barabash le tiraillement entre délire et espoir tandis que le Centre culturel de Taiwan nous embarque dans une recherche effrénée de clairvoyance. C’est alors que le mythe refait surface avec une proposition vidéo du Centre Wallonie Bruxelles. En effet, la notion de folie s’infiltre dans chaque recoin, et parfois, seuls les artefacts d’une réalité présumée, permettent de se raccrocher in extremis pour éviter de sombrer. C’est là le regard apposé de Monica Hirano ainsi que celui de Roman Carré représenté par Laboratorio Arts Contemporains. Que ce soit seul ou influencé par le collectif, l’Homme affronte la folie des humains face au monde naturel dans ses dimensions multiples avec Renata Haar une proposition d’Isabelle Pellegrini-Circa et avec l’artiste vidéaste Isagus Toche.
OVNi Folies! arbore ce terme empreint de déplacements et d’ambiguïtés pour développer une multitudes d’interprétations artistiques avec l’ambition un peu folle d’amener le festivalier à comprendre l’incompréhensible…