Le feu suit Ecotopia depuis sa naissance et c’est grâce à lui que les artistes ont crée l’encre au charbon qui se dépose sur chacune de leurs toiles. Par calcination, ils transforment la matière organique recueillie le long de leurs périples naturels en un noir de fumée. Le feu en lui-même est un processus d’expression de la nature, un rite de transformation de la matière en autre chose. Celui-ci, mélangé à de l’eau, est venu prendre de nombreuses fois l’empreinte de l’âme des montagnes et celle des mers. Dans ce troisième moment du projet Ecotopia, c’est l’empreinte de cette transformation qui est abordée, pour nous retrouver face à la magie que celle-ci convoque. Une nuit tombante de l’hiver 2020, dans une balade au coeur de la nature, un groupe d’amis recueillant du bois tombé, crée un feu de camp à la lisière de la forêt. Il l’allume sous la première superlune de l’année, qui heure après heure, le surplombe d’avantage. Ces bois qui naquirent jadis de cette nature sont à présent enchevêtrés, concentrés dans un foyer circonscrit de petites pierres attendant la flamme d’un briquet, pour illuminer une dernière fois la forêt de leur naissance, transmutant leur énergie en lumière et chaleur, avant de redevenir une nourriture fertile pour celle-ci. Lors de la combustion, des danses, chants et performances sont exécutés près du feu. Si le rituel est une idée qui peut venir à l’esprit, lorsque l’on parcourt les marches d’Ecotopia, le moment du feu l’exprime bien davantage. Il ne suffit rien d’autre que ce feu pour créer le rituel. Adoucir le feu, au prix de quelques brûlures sur le lin. C’est la nature et non l’homme qui induit le sacré. Nous sommes tout au plus les témoins qui, durant l’expérience de cette transformation, sont venus recueillir sur une toile de lin l’empreinte, l’écho de ce que la nature prononça ce soir-là avec eux.